Communication sur Danse et pragmatisme au Congrès AISLF, 7 juillet 2008
admin | 5 juillet 2008Guillaume Garreta (Execo, Paris-1) et Barbara Olszewska (UTC, Costech) feront au Congrès 2008 de l’Association Internationale de Sociologie de Langue Française une communication intitulée :
“Sémiotique et pratique de la danse: la production située du sens chorégraphique”
Lieu : Lycée Galatasaray, Istiklal Cad. 263, Istanbul, salle 116, à 14 h.
Résumé :
Cette communication entend contribuer à une analyse de la production locale et conjointe du sens dans les pratiques artistiques « vivantes », et plus particulièrement de la manière dont les règles présidant à l’émergence de ce sens sont spécifiées, précisées et incorporées. Elle s’appuie sur l’étude filmée de séances de préparation d’une pièce de danse contemporaine, Contraindre, de Myriam Gourfink. Ces séances s’organisent autour de la lecture commune d’éléments d’une partition chorégraphique fondée sur un système de notation du mouvement inspiré de Rudolf Laban. La partition de M. Gourfink a pour particularité d’être dynamique et interactive au sens où elle n’est pas totalement fixée à l’avance, mais dépend des mouvements que font les danseuses. Une part d’interprétation plus ou moins importante se trouve ainsi laissée à l’initiative des danseuses pour leur permettre d’atteindre la situation chorégraphique indiquée par un ensemble de signes graphiques. Le problème est alors, dans les séances de préparation comme lors du spectacle, d’établir un « bon rapport » à la généralité, c’est-à-dire d’un même mouvement de saisir le sens de certains signes « génériques » (comme “appui de la jambe en général”) et de pouvoir en faire usage correctement dans des situations toujours singulières. Nous montrons comment pour un même signe les danseuses tendent à utiliser et incarner différemment ce rapport, tout en produisant progressivement et interactionnellement les critères successifs permettant de parvenir à un accord sur, et surtout dans, les postures corporelles admises. La règle générale est testée pratiquement et incorporée (mais pas de la même manière) par les danseuses.
Par ce type de travail, nous entendons nous démarquer d’au moins deux grandes séries de conceptions communément admises en sociologie et philosophie de l’action : premièrement, celle selon lesquelles une règle aurait avant tout une existence mentale ; et deuxièmement, celle selon lesquelles il y aurait un hiatus entre, d’un côté, les règles et principes de l’action, et, de l’autre, les actions, gestes, mouvements, comportements, que ces règles seraient pourtant censées déterminer d’une manière causalement mystérieuse. On le verra, il ne s’agit cependant pas ici de nier qu’il y ait une forme de transcendance des règles par rapport aux actes, mais de montrer comment cette transcendance n’est pas ontologique mais, au plus logique, au sens où l’entend John Dewey. Un des enjeux de cette étude vise à montrer comment cette transcendance de type logique fonctionne concrètement, en particulier à travers le travail concerté et précaire qui tente de réduire certaines dimensions du vague propre aux signes et règles (ici, ceux qui norment la performance artistique).